Maria donne ses trucs, astuces et outils pour devenir un excellent coach agile !
Suite à ma dernière vidéo sur le Scrum Master pour les équipes qui fonctionne avec Kanban, nous allons aujourd’hui parler des Coachs Agile. Qui sont-ils? Je me qualifie moi-même de Coach Agile mais aussi de Scrum Master et dans mon travail actuel, je suis un RTE SAFe... voyons tout ça de plus près !
Aujourd’hui, nous allons parler de la différence (ou pas) entre un Scrum Master et un coach agile et voir comment vous pouvez peut-etre améliorer votre posture de coach.
Par ailleurs, je distingue vraiment au sein de cet article output, outcome et activité (je vous invite à lire cet article pour mieux comprendre la distinction) et je présenterai différents frameworks et outils utiles dans “mon” coaching agile. En fin de compte, nous nous demanderons si “Coach Agile” est le nom le plus approprié pour ce rôle.
DISCLAIMER : Au travers de cet article, j’exprime mon opinion. LA MIENNE ! Bien sûr, mon argumentaire s’appuie et se base sur de nombreuses sources, dont le Scrum Guide , certains livres, de nombreux articles, etc. Mais, s’il vous plait, gardez à l’esprit que ce n’est qu’une opinion parmi tant d’autres.
Voyons comment cela se passe !
Prêcheurs de la religion Agile
Récemment, un de mes collègues m’a demandé : « Les coachs agile, qui sont-ils au fait ? — J’ai l’habitude de travailler avec des Scrum Masters, je sais qui ils sont et ce qu’ils font. Mais les coachs agile ? Ils ressemblent plus à des prêtres de religion Agile non ?”
Je voulais me séparer du dogmatisme agile et rappeler cet anti-modèle fréquent. Je pense que c’est un problème auquel nous sommes confrontés dans la pratique du coaching agile. Au lieu de coacher, on se retrouve à prêcher : tu dois faire des Daily Scrum, tu dois faire des Rétrospectives. Sans en comprendre l’intérêt ou la raison. On tombe trop souvent dans le cargo cult. Dans son récent article sur les préjugés, le fondateur de Serious Scrum, Nijland, explique comment lire les articles Scrum de manière critique en posant des questions :
Pourquoi un auteur utilise-t-il certaines métaphores ? Par exemple, pourquoi l’auteur fait-il référence à des « cérémonies » au lieu d’événements et utilise-t-il des mots comme « dogmatisme », « prédication », « cultivation » et des images d’églises et de prêtres ?
A découvrir dans “Comment détecter les biais lors de l’écriture et de la lecture sur Scrum” par Sjoerd Nijland
Ce genre d’approche aliène les gens. Au lieu d’aider les équipes à être plus efficaces et à faire avancer les choses, nous créons des processus artificiels qu’elles ne comprennent pas. Voyons comment nous pouvons surmonter cela.
Notions trompeuses
Je dois avouer qu’il y a quelques années, j’ai aussi eu mes moments de prêcheur agile. Vous êtes-vous déjà retrouvé lors d’une réunion à discuter de ce qu’est “réellement” un spike et à détourner l’objectif de la réunion au nom de la philosophie du spike ? Ou avez-vous déjà passé du temps et de l’énergie à discuter de pourquoi appeler Sprint Review une “démo” est un péché mortel ? Eh bien, je l’ai fait. Cela a-t-il apporté plus de clarté à quelqu’un – peut-être ? Était-ce productif et apportait-il une réelle valeur à quelqu’un – je ne pense pas ! Aujourd’hui, je préfère l’appeler une revue de sprint mais je ne ferai pas de scandale si ça s’appelle une “démo”, je veux juste m’assurer que l’objectif de cet événement est bien compris. Et croyez-moi, ce n’est souvent pas le cas !
La dénomination
La dénomination du rôle est également trompeuse. A une époque, je me souviens avoir préféré le terme coach agile à scrum master parce que ça sonnait mieux, plus professionnel, plus senior. Je me souviens d’avoir appris sur le web que le Scrum Master se concentre sur l’équipe, et qu’un coach agile se concentre sur le niveau organisationnel. Juste un rappel de Scrum Guide, 2020 :
“Les Scrum Masters sont de véritables leaders qui servent l’équipe Scrum et l’organisation dans son ensemble.”
Guide Scrum, 2020
Ainsi, l’idée qu’un coach agile soit l’évangéliste désigné de l’organisation n’est pour le moins pas conforme à Scrum. Les Scrum Masters servent également l’organisation dans son adoption de Scrum.
Je dois vous dire qu’il y a beaucoup de conneries sur le rôle de coach agile qui circulent sur Internet. Et lorsque vous êtes nouveau dans le rôle, vous pourriez y adhérer et finir par être confus.
De mon expérience, et c’est une expérience limitée à l’Europe puisque j’ai travaillé dans des entreprises allemandes, islandaises, autrichiennes, espagnoles et portugaises, le terme coach agile a été amené à remplacer Scrum Master pour diverses raisons. L’une était de se débarrasser de toute confusion. Par exemple, si un Scrum Master peut travailler avec des équipes qui utilisent Kanban, est-ce un Kanban Master… ou un coach agile ? Une autre raison serait que l’entreprise a décidé d’avoir moins de personnes dans le rôle de Scrum master et Agile Coach, à leur avis, devrait pouvoir travailler avec plus d’équipes. Il y a aussi cette notion de Coaching Agile en tant que service — travailler à côté des équipes plutôt que d’être un membre égal de l’équipe comme un Scrum Master, comme le prescrit Scrum Guide :
« Au sein d’une équipe Scrum, il n’y a pas de sous-équipes ou de hiérarchies. Il s’agit d’une unité cohérente de professionnels concentrés sur un objectif à la fois, l’objectif du produit. »
Guide Scrum, 2020
Pour moi, c’est toute une optimisation du rôle : Optimiser les effectifs de l’organisation et être plus attractif en tant que recruteur. C’est tout. Je pense qu’il faut arrêter de trop réfléchir.
Combien y a-t-il de coaching dans le Coaching agile ?
On est mal barré. Je ne sais même pas par où commencer. Permettez-moi de commencer par ceci – je préfère m’appeler coach agile plutôt que Scrum Master parce que dans Coach Agile il y a au moins le nom “coach” qui peut donner à quelqu’un une idée de ce que je fais. “Ah, du coaching ! d’accord !” Sonne une cloche. Si je dis Scrum Master, je n’obtiens qu’un regard aveugle. J’explique cela parce que cette partie, le coaching, est une idée fausse assez courante parmi les coachs agile. J’en ai rencontré qui considèrent que leur travail consiste principalement à se provoquer chez les équipes qu’ils accompagnent des questionnements puissants.
Bon, je vous le dis, a mon sens, il n’y a pas tellement de coaching dans le coaching agile. Il y a de l’enseignement, du mentorat, de la facilitation, et d’autres choses. J’en dirai plus quand nous arriverons au framework proposé par Lyssa Adkins. Mon propos ici est de ne pas confondre coaching professionnel et coaching Agile. Bien qu’un coach agile puisse être aussi coach pro, nous ne sommes pas des coachs pro : nous aidons simplement les gens et les équipes à comprendre à s’approprier et à pratiquer l’agilité. Et contrairement aux coachs professionnels, nous sommes autorisés à donner des conseils, à enseigner l’agilité aux équipes et aux individus. Pour mieux le comprendre, je vous conseille de regarder la conférence de Geoff Watts sur le sujet où il compare les deux manières de coacher.
Cette conférence vous évitera, espérons-le, de ne pratiquer ce métier que dans se prisme et de passer votre journée en ne posant que les « questions puissantes » et en étant « flower-power» sur les pratiques qui vont à l’encontre de l’efficacité de l’équipe. Répondre, “Oh, l’équipe sait ce qui est le mieux pour eux” – lorsque l’équipe a du mal à collaborer et refuse d’inspecter et d’adapter ses manières de travail. Parce que devinez quoi, ils ne savent peut-être pas comment favoriser leur collaboration ou pourquoi s’arrêter pour réfléchir à ce qui se passe les aidera à s’améliorer. En tant que Coach Agile, vous êtes là pour leur fournir un contexte et leur enseigner les valeurs, pratiques et outils qui pourraient les aider à améliorer leur travail d’équipe.
Je vous propose maintenant d’explorer différents frameworks de coaching agile qui je l’espère permettront de comprendre la part de coaching dans le coaching agile.
Framework de coaching agile par Lyssa Adkins
Nous allons maintenant évoquer le framework de Lyssa Adkins. Vous pouvez le trouver sur le site de l’ Agile Coaching Institute. Lyssa est l’auteur d’une bible pour tout Scrum Master ou Agile Coach : Coaching Agile Teams. Ce livre est une lecture recommandée pour quiconque travaille avec des équipes dans un environnement agile. Il explique les différentes postures à tenir en tant que coach. Un peu à la façon des « 8 postures du Scrum Master » de Barry Overeem : Le Scrum Master en tant que Servant Leader, Facilitateur, Coach, Manager, Mentor, agent du changement, …
Et dans son introduction, Barry coïncide avec ce que j’ai dit précédemment :
“On évoquera les plus grandes incompréhension autour du rôle de Scrum Master qui m’ont amenés a changer mon titre de “Coach Agile” vers celui de “100% Scrum Master”. Les raisons de ce changement sont ma motivation pour écrire ce livre blanc.
Pour trouver un grand nombre d’excellents documents sur le coaching agile, rendez-vous sur Agile Coaching Institute et consultez la longue bibliographie sur leur site Web. J’aimerai aborder ici d’autres frameworks :
Roue de croissance du coach agile
Cette roue fournit des détails sur chaque postures endossables par le coach agile. Elle peut être utile lorsque vous venez de découvrir ce métier et que vous souhaitez comprendre chaque posture.
ADN du coaching agile
Mon ami, Joan, a partagé ceci avec moi récemment. J’aime l’ADN du coaching Agile parce qu’il évoque les résultats sans rentrer dans l’anti pattern d’expliquer comment faire les choses. Ainsi il décrit simplement la valeur qu’un coach agile peut apporter.
Soyez pragmatique et prenez du recul
Lorsque vous êtes sur le point de devenir un coach agile, n’oubliez pas de vous renseigner sur l’entreprise, l’organisation, le produit que vous développez. Cela vous évitera de prêcher un peu trop l’agilité, de rentrer dans des discours philosophiques sur les évènements agile, et de faire perdre leur temps à tout le monde. Je ne veux pas dire qu’il n’est pas bon de faire preuve de philosophie de temps en temps, mais vous pouvez aller le faire dans votre communauté de pratique avec d’autres coachs agile. C’est une belle opportunité pour ça. Cependant, lorsque vous êtes avec les équipes ou avec la direction, concentrez-vous sur le problème à résoudre et aidez à animer la réunion, afin que le moins de personnes possible considèrent cela comme une perte de temps. Concentrez vous sur l’effet des vos interventions.
Outcome, Output et activité
Nous avons donc beaucoup parlé de ces notions trompeuses, de la philosophie et du fait de traiter l’agilité comme une religion plutôt que d’être pragmatique. Il est maintenant temps d’aller de l’avant.
Pour cela, je veux vous présenter ce que j’appelle le framework de Barnet. Barnet est l’un des directeurs d’Outsystems. Il m’a fait réaliser la l’importance de distinguer output, outcome et activité.
Ce qui est essentiellement une distinction entre rester occupé et apporter de la valeur. Je pense que c’est crucial pour notre rôle en tant que Scrum Masters et coachs agile. Non seulement pour ce que nous faisons, mais aussi pour aider les équipes à comprendre ce qu’on attend d’elles.
Pensez donc à “l’activité” comme être occupé, faire des choses, assister à des réunions, etc. ” est la valeur que ces choses précédentes ont fourni au client, à l’entreprise ou à vous-même. Quel est le gain ?
Il y a une énorme différence entre s’occuper et produire un résultat. Si vous vous occupez, même si vous produisez beaucoup de résultats, il n’y a pas forcément d’effet, de valeur. Ni pour le client, pour l’entreprise et/ou pour vous-même. Demandez vous alors pourquoi nous sommes-nous engagés dans cette activité en premier lieu ? Cela devrait être la question que vous vous posez et que vous posez aux équipes au quotidien. C’est ainsi que vous apportez de la valeur – en apprenant aux équipes à penser aux outcomes et non aux outputs.
“Growth mindset”
Vous avez probablement déjà entendu le terme «feature factory», un terme populaire pour désigner une entreprise qui se concentre sur la production de fonctionnalités. Ceux qui ne s’arrêtent jamais pour se demander si leur fonctionnalités sont précieuses pour les clients et quelle valeur elles apportent à l’entreprise et ses utilisateurs.
Votre rôle, en tant que coach agile, est d’enseigner cet état d’esprit aux équipes et aux individus pour éviter qu’ils ne travaillent dans une fabrique de fonctionnalités. Aidez-les à se poser les bonnes questions. A pratiquer la désobéissance sérieuse au besoin.
Cela vous aidera également à déterminer quel est l’objectif derrière votre rôle. Quel est le résultat que vous souhaitez atteindre grâce à votre activité avec les équipes ? Voulez-vous qu’ils fassent des Daily en moins de 15 minutes et qu’ils aient une longue liste de choses à améliorer après les rétrospectives ? Ou voulez-vous qu’ils comprennent pourquoi le développement itératif les aidera dans leur travail complexe ? Et pourquoi planifier leur travail collaboratif chaque jour les aide à rester concentrés sur l’objectif et à réagir rapidement à tout changement ?
C’est tout pour aujourd’hui ! J’espère que cet article vous a donné matière à réflexion et que vous serez inspiré dans votre rôle de Scrum Master, Coach agile ou pratiquant lean. Je serai heureuse d’entendre vos pensées dans les commentaires !
Cette article résonne beaucoup avec les erreurs que j’ai pu faire, et que je fais encore. Se concentrer sur les besoins et les problématiques de ses équipes, avancer par petits pas, se donner le droit à l’erreur, bien définir aussi les attendus et son mandat, pratiquer l’écoute active et les questions puissantes sont tout de même un bon moyen pour amener les personnes à changer de paradigme justement en évitant de prêcher un dogme. Merci pour ce partage, ces ressources, et merci Robin pour la traduction.