Vision du jeu
Découper nos pratiques afin qu’il n’en reste qu’une, mettre ainsi en évidence la sève substantifique de nos pratiques : leurs fondements, leurs raisons d’être.
Origine de l’atelier/jeu
Une discussion passionnante autour d’une table à Agile Open Sud 2013 avec Stéphane, Anthony & Jean-Pascal. Nous faisions “monter les mises” concernant nos pratiques agiles : “laquelle est la plus importante entre celle-ci et celle-ci, il ne doit en rester qu’une”. J’ai réalisé d’une part que c’était une discussion très intéressante, et surtout d’autre part que parler ainsi pratiques nous amenait à la culture. D’où l’idée d’en faire un atelier/jeu.
- Nb : des groupes de 3 à 6 personnes
- Durée : 30mn à 1h
- Matos : 1 jeu de cartes “pratiques” par participant
- Pré-requis : connaitre 2/3 des pratiques initiales
Règles de l’atelier
- Un jeu de toutes les cartes “pratiques” est donné à chaque participant
- On défini un contexte pour l’application des pratiques (voir les contextes proposés la page suivante mais libre à vous d’en choisir un perso).
- Chaque participant sélectionne les 12 pratiques les plus importantes à ses yeux.
- Chaque participant montre ses 12 pratiques aux autres participants. On ne garde que les pratiques qui sont communes à tous les participants.
- On lance des “rounds” de discussion de 1 à 10mn. A chaque fin de “round” on élimine la pratique qui -malgré tout- paraît la moins important au groupe. (on peut introduire un vote à la majorité, à l’unanimité, avec le “decider” de Jim McCarthy, une simple mais efficace conversation, etc.) Si votre groupe cale ou ne réussi pas à se départager, que la tension monte nous vous proposons plus loin d’utiliser -de façon ponctuelle- le “cercle de réaction”.
- Avec 3 pratiques vous avez votre sève substantifique agile.
- On fait autant de “round” que nécessaire pour qu’il n’en reste qu’une (oui je sais c’est dur, mais pour le bien de l’atelier il le faut).
Proposition de contextes
Pour jouer il faut choisir un contexte, sinon les interprétations peuvent être diamétralement opposées et menées au blocage. Donc pour une cohérence nécessaire annoncez le contexte d’application de ses pratiques. Si vous êtes une équipe cela peut naturellement être la vôtre. Sinon quelques pistes :
- votre équipe produit ou projet
- l’équipe projet ou produit qui est dans le bureau à côté et qui semble bien galérer.
- Une organisation qui démarre une transformation agile mais qui n’a pas du tout la fibre !
- Une organisation qui démarre une transformation agile et qui a tout pour réussir
- Une organisation qui commence tout juste “agile”.
- Une organisation qui est “agile” depuis un moment mais qui semble s’user.
- Une petite équipe qui souhaite “viraliser” son grand groupe avec agile
- Une philosophie de vie
- Si j’utilisais ces pratiques pour tenir mon restaurant ?
Le cercle de réaction
A utiliser de temps en temps dans le jeu quand la tension monte et que l’on ne réussi plus à trancher.
Dans Maus, Le père dit à son jeune fils qui pleure parce que ses amis sont partis sans lui : “Des amis ? Tes amis ? Enfermez-vous tous une semaine dans une seule pièce sans rien manger… Alors tu verras ce que c’est, les amis… ”
“La scierie des pratiques” n’est pas sans risque, discuter et débattre de ses pratiques pour finalement accepter de les sacrifier une à une peut devenir un exercice tragique.
L’objectif du jeu n’est pas de voir les joueurs s’étriper avant d’avoir réussi à occire la presque totalité de leurs pratiques.
Conscient des risques encourus les auteurs proposent d’utiliser une pratique éprouvée dont le fondement est issu des théories commensalistes et systémiques.
Lorsque des signes d’agacement émergent, que le ton commence à monter, le temps est venu pour un joueur de solliciter un CdR.
Cette pratique permet de contrôler et de limiter la charge émotionnelle. Elle propose un accueil de l’émotionnel, des frustrations, des peurs, des résistances, des préférences, qui habituellement ne sont pas écoutées.
Principes
- Le débat est proscrit
- La parole est distribuée et elle reste au centre
- On recherche le consentement mutuel
Mode d’emploi du Cercle de Réaction
- Un Facilitateur est élu sans candidature et à bulletin secret. Il sera le garant du respect des principes, du temps et du respect des règles.
- Un joueur – le Sécateur – propose l’élimination d’une pratique en expliquant sommairement ses raisons.
- Un tour de parole commence afin d’éclaircir la proposition. Tour à tour, chaque joueur pose une question au Sécateur afin de clarifier la proposition.
- Lorsque toutes les ambiguïtés ont été levées, un nouveau tour de parole commence : c’est la recherche du consentement. Chaque joueur va pouvoir exprimer une objection. Une objection n’est pas un NON fermé, elle consiste à signaler les raisons importantes pour lesquelles l’élimination de la pratique serait préjudiciable pour le groupe.
- Chaque joueur va finalement pouvoir voter en utilisant la notation suivante :
- Pouce vers le haut : Chouette, coupons-nous un bras en éliminant cette pratique
- Main à plat paume vers le haut : Même pas mal, je suis d’accord
- Main à plat paumer vers le bas : Ce n’est pas mon choix, j’ai présenté mes objections, et finalement je vous offre mon consentement
- Pouce vers le bas : Je suis en pleine crise émotionnelle, c’est NON !
Conclusion du cercle de réaction
Si la majorité des réponses est composée de pouces ou paumes vers le haut la pratique est supprimée. Dans le cas contraire ou si un joueur a craqué (pouce vers le bas) la pratique est préservée et un autre sécateur peut proposer de passer une pratique au pilori.