Coach Agile, Scrum Master, vous le savez, le Burn Down Chart permet de suivre la progression d’une équipe sur son objectif de sprint en mesurant le travail effectué et le travail restant avec le temps disponible.
Cependant, au delà d’un outil de suivi, le burn down permet aussi de détecter des dysfonctionnements au sein d’une équipe ou même au sein d’une organisation.
Nous allons voir au travers de cet article comment le burn down chart permet d’identifier des problèmes de différents types :
- Systémiques (goulot d’étranglement dû à une attente ne dépendant pas de l’équipe par exemple)
- Organisationnel
- D’équipe (dans la maîtrise de SCRUM)
Ci-dessus vous pouvez visualiser le burn-down idéal, connu de tous. Nous allons dans la suite de cet article visualiser quatre différents patterns de burn down révélant des dysfonctionnements d’équipe SCRUM ou d’organisation. Commençons par le premier anti-pattern: La validation des US tardive ou non dépendante de l’équipe.
1. Une validation tardive ou hors équipe
Avant de lire la suite de cet article, il est à noter que le burn down chart est construit et reflète l’avancement de l’équipe en cohérence avec la définition du terminé (définition of done) déterminée par celle-ci.
Ce bad pattern peut être exprimé de la façon suivante : La validation des US est soit faite trop tardivement par le product owner qui les accepte ou les rejette au dernier moment dans le sprint soit, encore pire, la validation des US ne dépend pas de l’équipe mais d’une entité extérieure.
Comme vu ensemble, ce burn down met en lumière différents problèmes. Essayons d’identifier leurs sources :
- Le manque de disponibilité du Product Owner : Le product Owner n’est pas disponible pour l’équipe. Il n’est pas présent pour clarifier, donner du sens et valider les développements effectués.
Ce manque de disponibilité créé un goulot d’étranglement sur les tests et tire donc indirectement à la baisse la vélocité de l’équipe et ainsi la valeur apportée au produit. - La fluidité de communication : Nous rencontrons souvent ce problème avec un proxy product owner qui, par définition, travaille à distance de l’équipe. Dans ce genre de cas, il faut penser à affiner sa définition du terminé.
Les conséquences
Comme vu ci-dessus, il y a de lourds impacts. Entre autres :
- Baisse de la vélocité
- Mise en péril de l’incrément produit
- Perte de la notion d’engagement car cet engagement ne dépend pas directement de l’équipe
- Débordements et reliquat à traiter (ou pas suivant la re-priorisation du product owner) sur le prochain sprint ce qui induit un surplus de complexité.
Ainsi, si ce n’est pas un épiphénomène, c’est-à-dire d’identifier et de traiter les causes du problème.
Que faire dans ce cas ?
Plusieurs pistes sont possibles et à envisager pour rectifier ces problèmes d’équipes
- L’enrichissement du burn-down : Créer par exemple deux courbes :
- Suivre comme dans l’actuel le « Done = développé + testé »
- Suivre le « développé » uniquement
- Ceci aura pour effet de visualiser le goulot d’étranglement et de préserver la notion d’engagement de l’équipe
- Repenser la stratégie de tests si le PO n’est pas disponible
Et vous, avez-vous déjà rencontré ce SCRUM BAD PATTERN ? Avez-vous identifié des solutions ?
Voyons maintenant d’autres problèmes révélés par les burn down :
2. Une progression lente ou un sur-engagement
Plusieurs comportements peuvent être à l’origine de ce genre de Burn Down :
- L’équipe trop ambitieuse : L’objectif du sprint est trop ambitieux et l’équipe réalise seulement pendant le sprint qu’elle n’atteindra pas l’objectif du sprint. (A noter : S’il est acceptable de viser haut et d’échouer, il ne faut pas que cela devienne une habitude ou un modèle régulier, car cela influence négativement la confiance de l’organisation dans l’équipe.)
- L’équipe soumise : L’équipe n’est pas assez responsabilisée et n’ose pas affronter le product owner en donnant une vision réaliste mais peut etre perçue comme douloureuse de sa capacité de production sur un sprint. Cette fausse promesse peut aussi mener à un manque de confiance de l’organisation vers l’équipe.
- La variance de l’équipe : Les équipiers tombent malade ou partent, partent en vacances sans que cela n’ai été identifié lors de lancement du sprint.
- La changement de priorité de dernière minute : L’équipe doit résoudre un problème critique – souvent un bug – qui laisse moins de capacité à accomplir l’objectif de sprint. Selon la fréquence de ces perturbations, il faut peut être laisser du mou sur l’engagement de l’équipe.
- Les adhérences et dépendances : L’équipe fait face à des dépendances en dehors de sa sphère d’influence non prévisibles lors de la planification du sprint. (Note: Un dysfonctionnement systémique classique.)
3. L’augmentation du périmètre
La plupart du temps, on observe ce burn down lorsque la préparation du sprint n’a pas été bien menée :
- Un mauvais découpage : L’équipe n’est pas parvenue à découper les stories et n’a donc pas identifiée que l’effort de création d’un incrément de produit (du sprint) allait être plus important que prévu. Si cela se produit régulièrement, cela signifie que l’équipe a accepté des user stories non comprises ou avec trop d’incertitude, ce qui montre de sérieux dysfonctionnement.
- D’importantes variations sur le périmètre : Souvent dues à un manque de priorisation ou à un manque de mou ne permettant pas de gérer les urgences.
Que faire ?
Par exemple :
Instaurer une séance de backlog refinement à mi sprint afin d’arriver en lancement de sprint avec des user stories mâtures.
Se laisser un peu de mou sur le sprint (ne pas s’engager aux limites de sa capacité de production) à combler avec des actions d’améliorations au besoin afin d’avoir de la bande passante pour gérer les urgences.
Le sous-engagement
Attention, ce burn down n’est un anti-pattern SCRUM que si celui-ci se produit régulièrement. On ne va pas critiquer une équipe qui travaille parfois mieux que prévu !
Néanmoins, si ce burn down est une habitude dans vos équipes :
- L’équipe trop prudente : L’équipe a probablement surestimé l’effort lors de son estimation. Cette mauvaise estimation peut découler de user story non maitrisée, ou d’une angoisse de l’équipe dans un contexte trop strict ou l’on accepte pas “l’échec”.
- Pas de visibilité sur les actions techniques : L’équipe garde de la capacité de production pour traiter des tâches techniques (refacto / gestion de la dette technique) sans donner de la visibilité sur ces actions.
En conclusion
- C’est un bonne idée d’analyser parfois le burn down pourquoi pas après un stand-up ou lors d’une rétrospective en essayant d’identifier les problèmes systémiques.
- On peut donner encore plus de transparence et de visibilité en couplant le burn down chart avec d’autres indicateurs, par exemple le cycle time, le lead time, etc…
- Il est bénéfique de mettre à jour le burn down lors des mêlées quotidiennes sans que cela soit systématiquement au Scrum master de le faire. N’hésitez pas à créer un tâche tournante au sein de l’équipe.
Et vous ? Utilisez vous les burn down pour vous poser de bonnes questions ? Dites-le nous dans l’espace dédié aux commentaires !
Hello !
Personnellement, je ne me sers pas du burndown.
En aucun cas, il ne reflète le fait que l’on va atteindre l’objectif de sprint ou non 😉
En fait, il peut être parfait et suivre la courbe idéale, mais les dev ont peut-être :
– pas adapté leur sprint backlog pour atteindre l’objectif de sprint
– créé de la dette technique
– livré un incrément sans valeur
– …
Le burndown est malheureusement souvent sur-utilisé (l’équipe vit autour du burndown) par des équipes qui n’ont pas compris que le Sprint Backlog doit s’ajuster au quotidien, pour rester enligné vers l’objectif de sprint, pensant à tord qu’il faut livrer absolument tous les items sélectionnés en Sprint planning.
J’avoue que, parfois, sur Azure, j’y jette un oeil pour surveiller si la courbe ne reste pas trop plate 😉
Ca me permets de voir directement si l’équipe a engagé trop de travail en même temps, s’il y a trop de dépendances, ou si elle laisse traîner des items en difficulté sans s’y attaquer en équipe.
[…] Le Burn-down Chart […]
Salut !
Le burndown n’est pas obligatoire, on peut l’utiliser en tant que pratique complémentaire, mais focaliser le “pilotage” d’une équipe dessus est une erreur.
Aussi, le Product Owner n’a pas vocation valider les US. Les Développeurs adhèrent déjà à la DoD.
Le PO n’a rien à “valider”, à moins que la Dod n’intègre une ligne “critères d’acceptations validés par le PO”…
En ce qui concerne la vélocité d’une équipe, créer un incrément utile et de valeur ne dépends pas du nombre de Story validés, mais des bons items sélectionnés par l’équipe au bon moment qui nous permettent d’atteindre cet objectif.
Pour finir, le backlog de sprint évolue pendant le sprint en fonction de ce que l’on découvre (principe de l’empirisme). Un Burndown qui “remonte” n’est pas un anti-pattern Scrum, c’est simplement que de nouveaux items sont nécessaires pour atteindre notre objectif et livrer un incrément utile, utilisable et de valeur. Les Développeurs devront néanmoins rester attentifs à leur capacité.