Comment va évoluer l’Agilité ? Si elle se développe depuis plus de 50 ans, que va-t-elle devenir ? Dans 20 ans, parlerons-nous toujours de l’agilité et des valeurs Agiles ?
S’il est impossible d’apporter une réponse fiable à ces questions, nous pouvons tout de même apporter un embryon d’explication au travers du prisme biomimétique.
Mais avant toutes choses, connaissez-vous le biomimétisme ? Pas sûr ? Alors commençons par une définition :
Le biomimétisme se dit de toute entité qui « s’efforce d’imiter les procédés de la nature dans les organismes vivants ». Merci le Larousse.
Autrement dit, le biomimétisme consiste à regarder ce que 4.5 milliards d’année d’évolution ont testé et éprouvé et s’inspirant des processus et des fonctions du vivant.
Imaginez l’apport de l’amélioration continue sur des cycles de 2 semaines, après pas moins de 117321428571 itérations… (si si, vous pouvez faire le calcul !).
Nous allons donc dans cet article tenter de prédire l’avenir, ou plutôt le devenir, de l’Agilité à 20 ans en nous appuyant sur l’observation et l’analyse concrète de la nature depuis plusieurs milliers d’années. Beau programme !
L’Agilité est un comportement naturel alors que la planification ne l’est pas
En tant qu’Humain, nous sommes « naturellement », au sens étymologique du terme, dans une méta-stabilité (c’est-à-dire, un état qui parait stable, CF schéma ci-contre) approchante de l’AGILITE. Cependant, au fil du temps, notre éducation et notre culture nous ont tiré vers l’anticipation et la planification.
Pour nous, la principale perturbation à l’origine de ce changement d’état se révèle être notre sédentarisation.
Elle nous a conduit à inventer, à créer la planification : Va-t-il pleuvoir ? Quand dois-je récolter ? Combien dois-je préserver d’animaux pour mon élevage ? La sédentarisation nous a menée à créer la planification par l’anticipation.
Or, si la planification était déjà présente chez certaines espèces dans des milieux extrêmes et présentant un comportement cyclique, la nature a très largement préférée et favorisée la capacité d’adaptation au changement.
D’ailleurs, même si la théorie de l’évolution de Darwin a largement été ré-ajustée depuis 2009, il évoquait comme facteur clé de la survie d’une espèce l’adaptation au changement :
« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes ni les plus intelligents mais celles qui s’adaptent le mieux au changement ». Darwin
L’adaptation au changement, un facteur clé dans la survie de l’AGILITE
L’adaptation aux changements, l’une des valeurs fondatrices AGILE (cf manifeste agile) est un processus empirique (tout comme SCRUM), qui s’effectue via des essais et des erreurs.
Au sein d’une équipe AGILE, le changement et les aléas sont considérés comme des opportunités plutôt que comme des événements hostiles auxquels il faut tenter de résister :
L’adaptation est préférée au suivi du plan non pas parce qu’il faut s’y résigner, mais parce que c’est là que se situe l’innovation et la création de valeur pour le client.
Par ailleurs, les Agilistes préfèrent aussi tester et éprouver que choisir entre deux solutions théoriques et laisser l’environnement, j’entends par là le client, le fournisseur ou le marché, décider de ce qui viable ou non. Ils procèdent par essais rapides pour éviter de s’entêter dans une mauvaise voie. Le but est de se tromper le plus rapidement possible sans que cela ne coûte (Fail Fast).
Si nous assimilions, pour construire la métaphore, le courant Agile a une espèce animale, serait-elle particulièrement apte à la survie ?
L’Agilité, un “animal” apte à survivre ? Oui mais…
Pour répondre à cette question, nous nous devons de distinguer clairement :
- L’état d’esprit Agile, porté par des valeurs et des principes
- Les méthodes et frameworks Agile ( SCRUM / LEAN / XP / SAFe / Less / …).
En effet, si l’un semble, du point de vue évolution des théories, particulièrement compétitif, ce n’est pas systématiquement le cas pour l’autre.
Agilité Durable et Agilité Scalable, un avenir commun ?
J’entends de plus en plus lors des conférence, meet-up et divers échanges et rencontres que avenir de l’agilité se trouve dans la scalabilité.
J’entends dire que les organisations dites AGILE se DOIVENT de maitriser et d’appliquer des Framworks d’agilité scalable (Safe, Less, Nexus)), souvent (parfois) efficaces pour prospérer et continuer leur chemin dans l’agilité.
Nous sommes passé de l’anarchie organisationnelle, salvatrice, compétitive selon Darwin, qui bougeait les lignes à l’adoption de modèles plus rigide à suivre à la lettre. (A lire sur le même thème Henrik Kniberg expérimente et réhabilite SAFe).
Or, si à court terme cette mutation (mutation au sens évolution possible) de l’agilité est très efficace, je doute qu’à long terme cette « branche évolutive » passe le tamis de la sélection naturelle.
L’agilité Scalable est un mutant tombé dans un trou évolutif
Pour appuyer cette idée, utilisons quelques notions de dynamique adaptative des espèces et contons l’histoire de la grenouille mutante Kwasa et du héron. Nous verrons dans la suite l’intérêt de la comparaison entre l’évolution de cette dernière et l’évolution d’un FrameWork AGILE à l’échelle.
La Grenouille Kwasa coasse, comme beaucoup d’amphibien, pour communiquer. En particulier pour se reproduire.
La corrélation entre l’intensité sonore du coassement et la fréquence de reproduction des mâles kwasa a été établi : Plus un mâle chante fort et plus il est entendu. Plus il est entendu et plus il a de chances de se reproduire.
Ainsi, mutations après mutations, cette espèce a donnée naissance en évoluant a des amphibiens supers chanteurs.
Or, à force de chanter fort les grenouilles Kwasa sont devenues des proies très faciles pour leur prédateur naturel, le héron, qui n’a plus aucun mal pour les localiser et les dévorer.
Les grenouilles Kwasa sont donc tombées dans un trou évolutif :
- Elles ne peuvent plus poursuivre leur évolution en chantant fort : Elles se font dévorer.
- Elles ne peuvent plus évoluer en chantant moins fort : Les femelles ne s’intéressent pas aux”petits” chanteurs
Comme La Fontaine, utilisons cette histoire d’animaux pour passer un message aux hommes :
Il me semble que les Framework d’agilité Scalable sont, tout comme la grenouille Kwasa des mutants tombés dans un trou évolutif.
En effet s’ils sont, d’une certaine manière, actuellement très compétitifs, ils semblent trop robustes, rigides et dirigistes pour facilement évoluer.
Ainsi, si je vois l’état d’esprit Agile survivre à la prochaine vague de pensée des théories qui devrait arriver d’ici 20 ans, d’après la théorie de Kondratiev, avec une méthodologie holistique (une méthodologie à même de constituer des ensembles qui sont supérieurs à la somme de leurs parties), je vois mal des méthodologies bien définies et rigides ( par extension) survivre à ce prochain bouleversement.
Prônez la décroissance AGILE !
Tel un turfeur, je donne donc un pronostic : « Agilistes, prônez la décroissance AGILE. Investissez dans le changement durable plutôt que scalable » :
Si le Fitness du courant de pensée Agile ( Le fitness d’un mutant correspond au taux de croissance de ce mutant dans l’environnement fixé par les traits du résidents) s’est développé et épanoui au sein du Taylorisme du 19em siècle, je doute que des modèles trop dirigistes survivent au prochain bouleversement majeur.
Et vous, qu’en pensez-vous ? N’hésitez pas à me laisser un feedback constructif dans les commentaires car comme le disait Socrate, “Je crois qu’on ne peut mieux vivre qu’en cherchant à devenir meilleur ni plus agréablement qu’en ayant la pleine conscience de son amélioration.“
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