Description
La note de Christophe
Note : 8 ; Une réussite !
Je pense qu’à un moment donné, Claude Aubry en a eu marre d’être enfermé dans Scrum. Au bout de 5 éditions de son best-seller, on le serait à moins. Ici c’est de culture agile dont il est question (bien que le cadre s’appuie très fortement sur Scrum).
Le format de l’ouvrage est atypique : la taille est large mais ne compte que 170 pages, bien que le grammage du papier laisse penser qu’il en contient 250. L’impression est bichromique, mais surtout les illustrations d’Etienne Appert se taillent la part du Lion. On aurait presque l’impression de lire « Martine s’essaie à l’agilité ». Si le texte de Claude forme la portion congrue (bon j’exagère un peu), il a en fait déployé tout son talent, car on savait déjà qu’il savait écrire, pour condenser son propos en peu de mots sans qu’il en coûte en fluidité de lecture. Un magnifique tour de force !
Le texte compte 7 chapitres et débute par une question cruciale : pourquoi devenir agile ? On y parle valeurs et principes, raison d’être et sens, le tout saupoudré d’un peu d’historique. Mais on y évoque aussi le faux-agile et une démarche pour réellement devenir agile s’appuyant sur l’agile fluency. Le tout est abondamment illustré, d’images mais aussi d’exemples, avec les « lapins agiles ». C’est excellent.
Le second chapitre aborde la question cruciale de l’équipe. Et l’auteur de nous proposer l’acronyme TAPIS pour résumer les propriétés d’une équipe agile. Claude Aubry aura été très créatif en acronymes tout au long du livre et ils sont très bons. Claude, c’est un peu notre Mike Cohn français. L’auteur s’appuie sur Scrum pour aborder les rôles dans l’équipe, alors même qu’il nous avait dit qu’il serait agnostique. L’angle se défend car l’alternative serait d’être trop abstrait. J’aurais aimé deux mots sur « compétences versus rôles », mais j’accorde un bon point à la section consacrée à la confiance. Encore une fois le chapitre est remarquable de clarté et d’efficacité, mais c’est vrai pour tout le livre.
L’idée de consacrer le chapitre 3 à la boucle de feedback est brillante, car elle met le doigt sur un des mécanismes fondamentaux de l’agilité. L’auteur aborde 3 niveaux de cette boucle : le backlog / story, le sprint où on introduit l’acronyme TOP pour le décrire et FUN pour qualifier le résultat, et enfin au niveau de la saison qui regroupera environ 2 à 3 mois de sprints. J’aurais aimé que l’auteur s’attarde sur la construction de la boucle de feedback elle-même en introduction et, point de vue tout à fait personnel, qu’il décale cette boucle vers le bas : le niveau « saison » a peu d’intérêt (sauf sans doute pour des initiatives de transformation), mais cette boucle existe au niveau des tâches journalières vers le bas… Le chapitre est excellemment illustré avec l’étude de cas PermaBio qui nous tient compagnie depuis le chapitre précédent et restera avec nous jusqu’au chapitre 5.
Les rites du sprint, sujet du chapitre 4, nous plonge à fond dans Scrum. C’est un chapitre remarquablement vivant et l’illustrateur y est pour beaucoup. Chacun des rites Scrum est introduit par une petite carte heuristique, décrite succinctement et efficacement et mis en exemple par une petite bande dessinée. Difficile de faire mieux. Je n’en ai pas parlé pour les chapitres précédents, mais chaque section fait apparaitre les « objections » communément évoquées. Claude a beaucoup d’expérience et ce sont effectivement les objections celles que l’on voit soulevées, et l’auteur les adressent avec l’habileté d’un chirurgien sans pour autant les évacuer d’un revers de main.
Le chapitre 5 va nous montrer comment les choses se déroulent au quotidien. Dans la première partie, l’auteur aborde la manière dont se déroule des sujets particuliers : la prise de décision, l’amélioration, l’affinage des stories, la gestion des urgences. Mention spéciale rigolade pour ce dernier avec l’urgence « cueillette des abricots ». Dans la seconde partie, nous avons doit à un « vis ma vie » de l’équipier, du Product Owner et du Scrum Master. Un régal.
Nous quittons PermaBio au chapitre 6 pour prendre deux pas de recul avec « les chemins de la focalisation ». L’auteur évoque la nécessité du prélude et nous propose un canevas pour cela. J’aurais aimé que l’auteur aborde le rôle du manager dans ce contexte, aspect qu’il passe sous silence à tort à mon avis. Nous retrouvons les lapins agile et l’agile fluency au chapitre 7. Le corps du livre s’est concentré sur la première étape de l’agile fluency, la focalisation. Ici l’auteur nous propose des pistes pour les étapes ultérieures via la transposition de l’histoire des lapins agiles. Ce n’est pas le meilleur chapitre du livre mais donner ce type de perspectives est une très bonne façon de conclure. Claude y ajoute 3 témoignages, agréables à lire mais qui ajoutent peu au propos.
Ce nouvel ouvrage de Claude Aubry est une réussite. Il permet au néophyte d’appréhender ce qu’est réellement l’agilité et comment elle se vit. Un coup de chapeau à l’auteur qui cherche (et réussit) à garder le cap de l’esprit agile et à nous mettre en garde envers le « faux agile ». La qualité du texte parfaitement ciselé, clair et limpide n’a d’égal que la qualité et la profusion des illustrations qui dessert parfaitement le texte avec l’aide d’une mise en page de haute qualité. C’est du bel ouvrage. L’ouvrage fait le choix clair d’adresser le néophyte plutôt que de mal desservir un public large et concentre son propos sur la première étape du chemin agile, là aussi un bon choix. Le livre ne s’adresse pas à moi (il ne pourra donc pas être « book of the year » mais je sais que je le conseillerais sans hésiter aux personnes faisant partie du public visé.
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